J 109 Arrêt sur un jour de plus.

Publié le 12 Novembre 2012

J 109  Arrêt sur un jour de plus.

La manie de faire des bilans sur soi-même est une façon de tromper l'angoisse de n'être que ce que nous sommes : une caricature de notre idéal, l'ombre portée et déformée de notre sur-moi.

Georges Picard

J'ai appuyé sur pause, besoin de faire le point sur les quatre mois écoulés.

Curieusement, c'est plus difficile je me l'imaginais .

Il est vrai qu'un morceau avalé n'a plus de goût mais tout de même...reste bien quelques remugles de sensations contradictoires, une vague idée du chemin parcouru, un état des lieux possible et rationnel, un bilan a tirer de tout ce que j'ai scruté, ressenti, noté, écouté, lu,vu, tu, ingurgité, avalé, recraché, touché, reconnu, accepté et rejeté, dompté, survolé...la liste est tellement longue...

Larsen et confusion ! Qu'est-ce que je raconte...Larsen et confusion, ça veut dire quoi !

Je ne sais pas, là, tout de suite , ce sont les deux seuls mots qui me viennent...Je ne peux pas mieux dire.

Et bien , si c'est tout ce que j'ai sous la main pour continuer à être motivée, ça va être gai..Certains diront que j'ai parcouru les deux tiers du chemin, comme un bon petit soldat, sans sourciller, sans rechigner, solide comme un roc.

Même si c'est vrai ,c'est faux et le contraire aussi.

Solide...oui, et je ne suis pas la seule, nous le sommes tous. La preuve en est que nous sommes encore là, nombreux, à résister, à faire face, à refuser de jeter l'éponge, à prendre des risques, à tenter, oser, à accepter des protocoles lourds, à accepter l'attente, les contraintes, les échecs, et à recommencer, encore et encore, sans la moindre garantie, sans aucune obligation de résultats, et à continuer de se réjouir pour les autres qui ont déjà trouvé la sortie.

Solide...oui, mais pas insensible, pas anesthésiée, consciente des perturbations, ébranlée parfois, déstabilisée, mais restant droite, bien droite, les pieds bien ancrés dans le sol, gardant le contact avec ce que je suis, puisant la force dans mes racines. Ne pas se perdre en route...surtout pas.

Solitaire...oui, aussi, là encore nous le sommes souvent. Il a des univers qui ne peuvent se partager, on aura beau faire, ils resteront visibles de nous seuls, inexplicables. Non pas, parce que, inavouables, juste trop personnels, trop inextricablement liés à notre monde émotionnel si changeant. Donc solitaire, oui...mais pas isolé.

À l'écoute...oui, c'est une obligation. Prendre des notes afin de prouver que l'on respecte la fameuse todo list. C'est que ça occupe une bonne Quad, y'a du boulot, des rendez-vous, des comptes rendus, un bon service de maintenance et un entretien de la machine, quotidien, à l'extérieur, comme à l'intérieur.

À l'écoute...oui, mais pas trop. Ne pas se laisser envahir, trouver le juste milieu et ne retenir que ce qui est nécessaire pour appréhender au mieux les états d’être à venir, plus ou moins prévisibles. Ne pas se laisser dominer , rester maître, autant qu'on le peut. Je suis une grande fille, j'aimerais le rester. J'ai toujours eu horreur du discours infantilisant qu'on assène aux malades. Moi je veux bien être considérée comme une pauvre petite chose en sucre pendant 6 mois, mais faites en sorte que je le sois, pour de vrai, complètement. Emmenez nous, le temps du protocole, dans un bel endroit, avec un staff pour nous bichonner, dorloter, masser,...là d'accord...je serais parfaitement à l'écoute de mes moindres distorsions, les décortiquerais , les analyserais, les classerais, et en ferais un memo de 300 pages

La réalité est que nous y restons dans la réalité justement. Quad ou pas Quad, le monde ne s'arrête pas de tourner, le quotidien est toujours à gérer, et quand physiquement, tu as la chance de pouvoir le faire, tes journées de travail ne deviennent pas light .

Il est bien là le paradoxe. Garder un comportement habituel dans un contexte extraordinaire.

Si c'est pas du grand art...nous sommes des magiciens, les nouveaux illusionnistes.

Dans deux jours, nouveau bilan. Serais je toujours négative ?

Vaudrait mieux...j'ai besoin d' un souffle nouveau, assez pour faire le tri dans toute cette confusion, ne garder que l'indispensable, ménager ma monture, qui risque fort d'avoir encore à servir un petit paquet d'années et faire cesser ce foutu Larsen. On s'entend plus !

Demain..demain,... comme d'hab ,debout 6 h , deux heures dans les embouteillages, prise de médoc dans la bagnole, arriver au taf, sourire, café, être convaincante, imaginative, réactive, puis, re embouteillage, rentrer à la maison, préparer le dîner, s'intéresser à la journée de mon enfant, rire, ah, oui, re medoc, traîner, bouquiner, dodo...une journée comme toutes les autres, la routine...juste la routine.

Avec ou sans Quad...on a pas si souvent l'occasion de pouvoir appuyer sur la fameuse touche pause.

Rédigé par VIP du VHC

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